
Clown
Je suis le miroir de ton sourire
Gesticulant dans un autre abyme
Dévoué pour te divertir
Mon nez rouge m’abime
Dérision à chaque instant
J’élimine les idées sombres
J’illumine ton cœur d’enfant
Et retourne hurler dans l’ombre
On ne voit plus que le bouffon
Celui qui ne pense pas
Permanente démonstration
Pour ton seul plaisir de roi
Désabusé de jours monotones
Mes yeux plongent dans le vide
Que reste t'il de l’homme
Caché derrière ce masque insipide
Je suis ta belle attraction
Celle que tu as déjà oubliée
Je suis un clown sans nom
Qui refuse toute pitié.
À deux
La chaleur traverse les étangs
Le bonheur au bout des doigts
Osmose qui arrête le temps
Dans le plaisir, on se noie
Peau tendre contre peau tendue
Aucune partie des corps n’est perdus
Douce frénésie dans nos cœurs
Pour une sauvagerie de sueurs
Les yeux plongés l’un dans l’autre
Esseulés du monde extérieur
Nos paroles ont la bonne note
Et nos corps s’ouvrent en fleur
Les tremblements sont sans fin
Dans cette danse à deux
Où, main dans la main
Nous sommes juste heureux
L’amour perfuse nos veines
Et la joie balaye les peines
Ensembles et unis comme jamais
Nous ne faisons qu’une chose : aimer
À ton non
Au plus profond de toi
S’agite un désarroi
Tes lèvres sont scellées
Et ne savent plus crier
Tes paroles sont absentes
Mais ton corps hurle tes maux
Tu es juste dans l’attente
Qu’il sache lire tes mots
Aveugle de son besoin
Il ne te voit pas
Patriarcat dans la main
Il viole plus qu’une loi
Où voit-il donc un oui ?
Il n’y a que souffrance
Seul avec ses envies
Sur tes plaies, il danse
Figée et immobile
Ton âme hurle à la mort
Mais son cœur stérile
Est sourd et sans remords
Consentement en lambeaux
A ton sort, il tourne le dos
Tu as honte de ton silence
Il piétine ta confiance
Le devoir conjugal
Est béni du mariage
Pour toi, c’est donc normal
De mourir de rage
Chaque jour te décime
Tes sourires s’envolent
Le bonheur tu mimes
Et tu deviens folle
J’écris donc à ton non
Que personne ne voit
A ces victimes sans noms
Oubliées sous leur toit
Sur le chemin
Lumière d’une blancheur aveuglante
M’attirant sans aucune résistance
La piste est douce et lente
Retour de l’innocence de mon enfance
Les mains s’agrippent toutes à moi
Il n’y a plus le son de leurs voix
Leurs prières veulent me ramener
Mais les dés sont déjà joués
Mon souvenir gardé en numérique
Ma lignée pleure mon âme
Leurs colères s’énervent du tragique
Les larmes honorent mon drame
Je n’ai plus d’ombre sur terre
Et les miroirs jouent l’ignorance
Mais dans chaque brin d’air
Se trouve un peu de ma présence.
Symptômes
Où est l’osmose tant attendue ?
La vie de nos rêves perdus
La symbiose de nos vivants
Cette étincelle dans l’œil brillant
Cette charité sans demande
Ce cadeau sans quémande
Où est l’amour, le vrai, l’ange
Je parle de celui qui démange
La complicité en carence
et c’est l’empathie qui s’étiole
La faune sans adolescence
Ta viande conservée en taule
La sève ne peut plus monter
Stérile jusqu’au bout des feuilles
Les tiges sont toutes brisées
Le lierre recouvre ton cercueil
L’écorce ne joue pas son rôle
L’industriel trouve ça drôle
Les forêts sont rectilignes
De la terre, nous ne sommes plus dignes
Belle communion, ou est tu ?
Nous avons tué le cœura
De nos actes, de nos vertus
Tous dominés par la peur
La planète pleure ses habitants
Comme un malade son cancer
Il ne reste plus que l’effondrement
Pour respirer un peu d’air
JOLAH
Vraie
Fondre pour ces petites choses
Qui me desserre la mâchoire
Que j’aime en apothéose
Ces détails cachés dans le noir
Des petits riens un peu discrets
Qui dessinent une personnalité
Des gestes et petits tocs
Originalité sans équivoque
Loin de la perfection frigide
Les défauts éclatent de rires
L’égo tombe dans le vide
Et l’humour est en délire
Un naturel rafraichissant
Qui charme toute mon âme
Son corps danse librement
Son esprit jamais ne fane
Un concentré de vérité
Sans masques et mensonges
Alors sur ces qualités
Parfois, je passe l’éponge
A la vie et à la mort
Jusqu’aux creux de ses failles
Mon seul mauvais sort
Serait qu’elle s’en aille
Plus rien
Cette petite fille s'appelle Vicky
A peine 12 ans, une courte vie
Dans son village, dans son école
C’est toute sa famille qu’on lui vole
La poussière remplit la pièce
On ne peut plus lire les cahiers
Devant ces murs, la mort se dresse
On ne peut plus y respirer
Les feutres ont perdu leurs couleurs
Les peluches restent figés
Le savon n’a plus d’odeur
Le jeu de marelles est effacé
Sur ces joues, tant de pleurs
Dans ses yeux, tant d’horreurs
A bout de souffle, à bout de nerf
C’est la mélodie de la guerre
Après que les balles soient muettes
Elle sortit enfin de sa cachette
Seule rescapée de son lycée
Il n’y aura plus de cours à sécher
Droit devant, elle prend la route
Mais elle n’ira pas bien loin
Car ses chaussures remplies de doute
Ont croisés une mine sur leur chemin
Si vous semiez autant de graines
Que ce que vous lâchez en bombes
La terre aurait moins la migraine
La peur serait moins féconde
Souiller
Il n’est pas de gestes anodins
Dans nos travers du quotidien
L’eau comme la sève mère
Se boit jusqu’au dernier verre
Point de frontières pour l’excès
Qui chevauche les territoires
Les conséquences en apnée
Veulent sortir du noir
Les repères sont en lambeaux
Et le climat s’agite
Les saisons sur un radeau
Laissent place au tragique
Les chaleurs deviennent folles
La sueur en seconde peau
Les migrations en camisole
Arrivent par bateaux
Peur et barricades
S’installent à la rue
Le fascisme rétrograde
Dans les urnes est élu
L’impact de nos gestes
Nous dépassent parfois
La pollution comme la peste
Se répand sans lois
Crier
Une secousse dans ma tête
La nouvelle est tombée
Mon bas ventre occupé
Par un œil qui me guette
Répugnante chose
Tu n’y es pour rien
Si ton père un matin
A forcé mes portes closes
Du dégout au rejet
De la haine à l’amour
Dans mon corps, je fais
Un dur choix pour toujours
J’ai tué un enfant
Fils d’inhumain
Comment faire maintenant
Pour vivre demain ?
Du sang sur mes mains
Tout est terminé
Je rejoins le chemin
De ma vie avortée
Je n’ai plus foi, je n’ai plus droit
À cette vie, à qui je dois
Des excuses pour l’éternité
Pas assez fort, j’ai dû crier
JOLAH
Sueurs
Sueurs froides parcourant le corps
Ma brise chaloupe sur sa peau
S’incrustant dans chaque pore
Je joue de ses sursauts
Mes lèvres sont en apesanteur
Et les doigts en exploration
Sur les formes du bonheur
Je parcours notre excitation
Paupières sans résistance
Les dents se resserrent
Ensemble, nous guidons la danse
Tel un duo solaire
Oubliant les alentours
Notre bulle est scellée
L’oxygène est notre amour
La douceur notre alliée
Failles
Le doux rêve s’est émancipé
pour une réalité brutale
L’amour une fois dissipé
Laisse apparaître les failles
Celles qui mettent la distance
Et qui noient la volonté
Embarqué dans une danse
Sans savoir ou mettre les pieds
La charpente se fissure
Et nos certitudes avec
On prend enfin la mesure
De notre relation en miettes
L’espoir manque d’oxygène
Et nos désirs s’évaporent
Aucunes possessions n’est mienne
Le contraire à était mon tort
Les yeux perdus dans le vide
Le paysage évolue
Moi qui croyais voir tes rides
Ta présence il n’y aura plus
JOLAH
Osmose
Réveil avant l'aube
Le départ est prononcé
Endormi, je vogue
Aux prémices du sentier
Longue piste sans fin
La montagne au lointain
Objectif imposant
Pour une marche du temps
Les heures défilent
Et la progression continue
Des gestes habiles
Pour un mental sans retenu
Le sommet m’accueille
Avec vue vertigineuse
Magnificence pour l’œil
Mon esprit je recueille
Plénitude de l’instant
Et appétit de verdure
Je respire pleinement
Dans cette belle nature